ÉDITION 2024

Le 12 octobre aura lieu l’ExisTransInter à Paris, la marche des personnes trans et intersexes et de celles et ceux qui les soutiennent. Cette marche est appelée par un collectif unitaire. Après une année 2024 terrible pour les personnes trans, entre le vote par le Sénat d’une proposition de loi anti-trans et deux féminicides transphobes, notre mot d’ordre : Face aux réactionnaires, riposte unitaire trans et intersexes !

En 2024, les personnes trans et intersexes subissent une véritable crise sociale et sanitaire. Discriminées dans toutes les sphères de leur vie – famille, système de santé, travail, espace public – leur droit à l’autonomie corporelle n’est pas respecté. Les personnes intersexes subissent des mutilations et des traitements hormonaux non consentis et rencontrent des difficultés dans l’accès à leur propre dossier médical pour demander réparation. En 2019, 89 % des personnes intersexes françaises déclaraient ne pas avoir pu consentir aux actes médicaux qu’elles ont subi. Les parcours trans demeurent inutilement longs, difficiles et discriminatoires, surtout pour les mineurs. Par exemple, les jeunes trans montrent des risques suicidaires 6 fois plus élevés que les jeunes non-trans. Ces situations de précarité économique, sociale et psychologique sont renforcées par d’autres dynamiques : le sexisme, le racisme, la xénophobie, le validisme, les politiques de criminalisation des sans-papiers et du travail du sexe. La conséquence de toutes ces discriminations, c’est l’absence d’emploi, et quand il y en a, c’est avec de petits salaires et de petites pensions. C’est aussi la mort. Chaque année, le suicide de nombreuses personnes, surtout des jeunes et des femmes, et, cet été, les meurtres transmisogynes de Geraldine et Angelina, deux femmes trans.

Cette situation est empirée par les réactionnaires qui ont orchestré un climat anti-trans en multipliant les paniques morales. Ils s’attaquent aux parents d’élèves, aux patients, aux médecins. Petit à petit, ils gagnent du terrain : Macron les a rejoints avec sa petite phrase transphobe sur les “droits trans « ubuesques » et les JO ont vu un déchainement sans pareil d’intersexophobie. Leur combat est maintenu devenu parlementaire. Le Sénat a voté pour interdire la transition médicale chez les mineurs et renforcer la pédopsychiatrie ; une mesure, qui, adoptée, aurait les pires conséquences imaginables sur la santé des jeunes trans.

Face à ce projet politique contre l’autonomie corporelle des personnes trans et intersexes, la réponse doit être unitaire et massive. Organisons-nous à toutes les échelles : associations, partis politiques et syndicats. C’est en ce sens que l’ExisTransInter évolue cette année en s’ouvrant aux organisations syndicales et politiques. Faisons de l’ExisTransInter la suite des mobilisations historiques de mai et de juillet.

Les droits des personnes trans et intersexes se trouvent en effet au cœur du mouvement social. Les défendre, c’est lutter pour le droit à disposer de son corps. En défendant une autonomie effective, nous défendons l’accès à un service public qui émancipe et luttons contre une psychiatrie utilisée pour contrôler les personnes qui ne se conforment pas aux normes sociétales. La casse du service de santé prive les personnes trans et intersexes de soins dignes, renforce le contrôle social et les poussent à se tourner vers les cliniques privées onéreuses ; la casse des droits des travailleurs les rend vulnérables et précaires ; les lois racistes Darmanin et Kasparian-Bergé essayent de briser les solidarités qui unissent toutes celles et ceux que l’on tente de priver de leur autonomie.

En cette 25ème ExisTransInter, nous sommes au point de bascule des droits trans et intersexes. L’heure a sonné de nous défendre. Alors que la droite veut interdire le droit de transitionner et veut continuer les mutilations des personnes intersexes, il faut dès maintenant constituer une opposition forte contre les groupes anti-trans, contre les refus abusifs des ALD par les CPAM, contre les projets de loi qui remettent en cause le droit à disposer de nos corps !

Le climat actuel montre que les personnes trans et intersexes ne sont pas protégées. Nous réclamons donc :

  • l’interdiction des mutilations et traitements forcés sur les personnes intersexes ;
  • le libre choix des parcours médicaux ;
  • la déjudiciarisation, le remboursement et la dépsychiatrisation réelle des transitions médicales et administratives ;
  • la reconnaissance de l’autodétermination et du droit à transitionner ;
  • l’accès à la PMA et à la filiation garantie ;
  • la dépénalisation du travail du sexe ainsi que l’abrogation de la loi contre le système prostitutionnel ;
  • la régularisation des personnes trans sans papiers à travers le statut de séjour pour motif humanitaire ;
  • la protection de l’Aide Médicale d’Etat et son extension à Mayotte ;
  • des moyens massifs pour les services publics afin d’assurer l’accès réel à l’IVG, aux transitions et à la contraception ;
  • et l’inclusion et l’accès au travail, notamment via des congés de transition.

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